Les 5 principes de la pensée LEAN énoncés par Womack et Jones sont :

1. Spécifier ce qui fait ou ce qui crée de la valeur pour le client
2. Identifier le flux de valeur
3. Favoriser l’écoulement des flux
4. Tirer les flux
5. Viser la perfection

Il me semble qu’il manque un 6eme principe :
6. Penser développement durable

Beaucoup me diront que ce principe est déjà intégré dans le LEAN qui a pour objectif entre autre la chasse aux gaspillages. Dans les 7 gaspillages répertoriés, plusieurs peuvent faire référence au développement durable : les pièces défectueuses, les transports les mouvements inutiles.

Concernant les pièces défectueuses, c’est évident. Moins l’entreprise en fait, moins elle gaspille de ressources pour elle, mais aussi pour tout le monde. Elle respecte le principe de gestion rationnelle des ressources naturelles.

Il pourrait en être de même au niveau du transport si celui-ci était pris dans la globalité de la chaine logistique. Mais, dans le LEAN, celui-ci est plus vu au niveau atelier, voir entreprise. Il est rarement étudié au niveau global avec les fournisseurs et les clients. Nous pouvons être dans une démarche LEAN avec nos fournisseurs mais néanmoins aller s’approvisionner à l’autre bout du monde ! Nous n’intégrons pas le gaspillage d’énergie généré pour le transport. Combien d’entreprises vont se fournir très loin, alors qu’en adoptant une démarche LEAN avec ses sous-traitants, elles pourraient en trouver de plus proches et ainsi diminuer les transports et de ce fait les gaspillages d’énergie.

Une des définitions du Développement Durable est : Schéma viable qui concilie les aspects économiques, sociaux et écologique. Le LEAN dans l’entreprise, intègre, je pense les aspects sociaux. En effet si nous regardons les 14 principes du Toyota Production System, il se dégage la notion de formation, responsabilisation et respect des employés. La suppression du gaspillage des « mouvements inutiles » améliore les conditions de travail, et ce d’autant plus que la démarche intègre la participation de l’ensemble des salariés. Certaines personnes vous diront que le LEAN détériore les conditions de travail, mais c’est une vue non objective et très partisane. Il suffit de lire l’article « La méthode LEAN, le retour du pire du travail à la chaine » paru sur le site Rue 89.

Par contre, le LEAN n’intègre pas la notion de conditions de travail chez ses fournisseurs. Vous êtes amenés à améliorer les conditions de travail dans votre entité, mais pas à contrôler celles de vos sous-traitants. Vous demandez seulement à ceux-ci de respecter les règles de qualité de produits et de services fournis. La preuve en est qu’actuellement, dans l’industrie de l’électronique grand public, les conditions de travail des sous-traitants de grandes marques sont montrées du doigt (APPLE ou DELL entre autre).
Vous pouvez aussi être dans une démarche LEAN, et ne pas respecter certaines contraintes environnementales : Pollution de l’air ou des sols par exemple. Cette notion ne me semble pas apparaitre dans les 5 principes ou alors dans le premier, si les clients intègrent dans la valeur du produit, le respect environnemental. Mais est-ce le cas chez tous les consommateurs.

C’est pour toutes ces raisons que nous pouvons « Etre LEAN mais pas CLEAN » et qu’il faudrait rajouter ce 6eme principe.
De cette façon, nous pourrions dire que le LEAN, c’est se débarrasser de tout ce qui est inutile, mais aussi que le LEAN, c’est « Agir Local et Penser Global »