- Seriez-vous prêt à payer plus cher un produit qui a été transporté 3km de plus qu’un autre dans une usine?
- Seriez-vous prêt à payer plus cher un service au motif qu’il a fallu une demi-heure de plus pour trouver la bonne manière de répondre à votre demande?
NON
Que ce soit des prestations de services ou de la fabrication de produits, toutes les activités génèrent des gaspillages et donc des coûts qu’aucun client ne serait prêt à payer s’il savait que c’est inclus dans le prix.
L’objectif est de partir à la chasse aux gaspillages afin de pouvoir éliminer ceux-ci. Cette chasse pourra se faire lors des 5G :
- Le Gemba : Le terrain où le travail se réalise et où se crée la valeur
- Le Gembutsu : Le process ou objet à observer, les données ou indices à collecter
- Le Genjitsu : La réalité, le fait objectif, la recherche des causes
- Le Genri : La théorie, ce que prévoit les procédures
- Le Gensoku : Les standards opérationnels
Cela pourra aussi se faire lors d’une séance plus ciblée « chasse » selon la démarche suivante :
- Préparer la séance
- Définir l’équipe
- Informer le personnel
- Définir la zone d’investigation
- Repérer et identifier les gaspillages
- Par rapport aux 7+2 gaspillages
- En mesurant l’impact
- Classer les gaspillages
- Par ordre croissant d’importance
- Eliminer les gaspillages
- Mettre en place un plan d’actions
Mais, plus généralement, la chasse aux gaspillages doit être une activité permanente. Il faut prendre l’habitude de découvrir les gaspillages et de chercher à les éradiquer.
C’est le pire des gaspillages parce qu’il génère tous les autres. C’est produire plus ou en avance par rapport à ce qui est nécessaire.
- Ne pas arrêter lorsque le poste suivant ne suit plus.
- Approvisionner une grande quantité car c’est plus économique.
- Double saisie des données.
Comment réduire ce gaspillage?
- Remettre systématiquement en cause l’idée que des productions ou des approvisionnements en quantité plus importantes font faire des économies.
- Comme pour les stocks, définir des niveaux mini et maxi et accepter que des personnes s’arrêtent lorsqu’elles ont atteint le maximum.
- Mettre l’information à disposition des personnes.
- Se baser sur le Takt Time.
Ce sont toutes les situations où quelqu’un ou quelque chose attend. C’est un gaspillage puisque l’attente provoque la non utilisation d’une ressource (surface, machine, homme). Cela concerne tous les services de l’entreprise.
- Attendre une décision (résultat d’un contrôle, affectation d’une production, …)
- Attendre les matières premières pour son poste.
- Attente d’une machine (changement de format, pas de conducteur, pas de composants, …)
Comment réduire ce gaspillage?
- Remettre en cause le principe selon lequel ce sont les gens qui ne doivent jamais se retrouver à attendre. Dans de nombreux cas, il vaut mieux que ce soit une machine qui n’attende pas, surtout quand elle constitue un goulet.
- Organiser le flux pour que tout soit disponible au moment où il est utile.
Ce sont tous les déplacements de produits ou dossiers, quelles qu’en soient les raisons. Cela concerne tous les services de l’entreprise. Tout transport n’apporte pas de valeur ajoutée.
- Déplacer un dossier ou une palette jusqu’au poste suivant.
- Ranger une palette d’encours dans le magasin au lieu de la remettre à l’étape suivante.
- Livrer un complément de commande.
Comment réduire ce gaspillage?
- Positionner les zones de stockage au plus près des postes.
- Rapprocher les postes les uns des autres.
- Transférer uniquement les informations utiles.
Ce sont tous les produits ou services en cours de traitement (matière première ou demande du client, en‐cours et produits finis ou dossiers terminés à transmettre). La présence de stocks est un signe de non maîtrise des processus. C’est aussi un coût important en mètres carrés, manutentions et gestion. Enfin, c’est souvent une immobilisation de trésorerie dont l’entreprise aurait avantage à se passer.
- La machine A va plus vite que la machine B. Il y a donc du stock d’encours entre A et B.
- Si je m’interdis de faire du stock, je n’aurai plus rien à faire…
- J’empile des dossiers car le contrôle n’est fait qu’une fois par semaine.
Comment réduire ce gaspillage?
- Réduire les temps de changement de série (méthode SMED par exemple).
- Définir les niveaux de stocks mini et maxi.
- Tirer le flux plutôt que le pousser (la demande du poste aval déclenche la production du poste amont et jamais le contraire).
Ce sont toutes les tâches non nécessaires ou mal réalisées. En général, ça vient d’une conception médiocre ou d’outils inadaptés. Ce sont les opérations dans le processus de fabrication qui ne sont pas requises pour satisfaire le besoin du client. Ce ne sont pas des gaspillages faciles à identifier. Leur détection est essentielle car ils peuvent être coûteux.
- Une machine précise au mm qui réalise des découpes qui devraient être précises au 1/10 de mm (ou l’inverse).
- Des personnes qui réalisent des contrôles de ce qu’ils reçoivent des étapes précédentes.
- Des informations non disponibles lors de la réalisation du processus.
Comment réduire ce gaspillage?
- Réaliser des études de poste détaillées, en séparant les activités apportant de la valeur aux clients, de celle qui ne lui en apportent pas.
- Mieux définir à quoi les différentes opérations doivent servir, en lien avec la valeur globale apportée aux clients.
- Bien suivre les évolutions de produits et de process.
Ce sont tous les déplacements de personnes, quelles que soient leur raison. On trouve ce gaspillage partout, dans tous les secteurs, toutes les entreprises, toutes les activités. Ces déplacements peuvent avoir lieu avec un produit ou sans rien porter.
- Aller chercher la clef de 17 nécessaire au démontage de l’outillage.
- Aller demander combien il faut faire de pièces au chef de service.
- Aller chercher au magasin les vis nécessaires au montage.
Comment réduire ce gaspillage?
- Mettre ce qui sert le plus souvent à proximité des personnes (méthode 5S par exemple).
- Réduire les transferts entre poste (par exemple, pratiquer l’autocontrôle et demander au contrôleur de ne réaliser que des contrôles par prélèvement).
- Mettre l’information à disposition des personnes.
Ce sont tous des gaspillages que l’on repère facilement. Et pourtant, certains rebuts et déchets paraissent tellement « normaux » qu’on ne les identifie pas comme des gaspillages. Un rebut correspond à un travail réalisé et qui n’a pas abouti au résultat souhaité. Il va donc être détruit et refait (ou corrigé et refait pour les prestations de service).
- Rebut : le composant découpé et usiné qui a un défaut.
- Rebut : la planche de bois coupée aux mauvaises cotes.
- Déchet : les copeaux sur une fraiseuse
- Déchet : les chutes de bois dans une menuiserie.
Comment réduire ce gaspillage?
- Remettre en cause chaque rebut et chaque chute : les critères de rejet des rebuts sont‐ ils adaptés ? Les chutes sont‐elles réellement « normales » ?
- Identifier les causes racines des rebuts et déchets et y remédier.
Beaucoup d’équipes sont encore séparées entre ceux qui pensent ou conçoivent et ceux qui réalisent. L’expérience montre que l’implication de ceux qui réalisent dans la conception de leur poste de travail, génère l’élimination d’importants gaspillages. Les observations de terrain sont très riches en enseignements. S’en priver constitue donc un gaspillage.
- Ne pas écouter l’opérateur qui se plaint du bruit de la machine qu’il ne peut pas stopper.
- Préférer avoir des dysfonctionnements et des corrections après une réimplantation plutôt que d’avoir demander des conseils aux opérateurs.
- Ne jamais demander l’avis des opérateurs.
Comment réduire ce gaspillage?
- Prendre l’habitude d’informer complètement les opérateurs de ce que l’on envisage de faire et les associer au projet dès le départ.
- Apprendre à animer des groupes d’amélioration continue.
- Diriger en apprenant aux autres comment résoudre des problèmes plutôt qu’en les traitant soi‐même.
Personne ne peut travailler de manière optimale si son environnement et ses conditions de travail ne sont pas totalement sécurisées. Lorsque les tâches sont mal conçues, il y a des risques de fatigues, de stress, d’accidents, mais aussi de pollution environnementale.
- Poste qui oblige à prendre des postures contraignantes.
- Tâches complexes et répétitives sur lesquelles l’agent a peu de maîtrise. Ces tâches génèrent donc stress et fatigue.
- Risque de confusion de produit entraînant un risque de pollution.
Comment réduire ce gaspillage?
- Eviter de mettre des personnes au même poste toute la journée (faire des rotations).
- Faire participer tous les individus à des actions d’amélioration.
- Réaliser une véritable évaluation des risques professionnels.
Pondérer les gaspillages
Lors d’un relevé des gaspillages, ceux-ci doivent être :
- Classés en catégorie
- Notés au niveau criticité
- 0 = Aucun problème – 5 = Problème important
- Notés au niveau fréquence
- 0 = Jamais – 5 = Très fréquent
Eliminer les gaspillages
Les gaspillages ont été repérés, classés. Il faut maintenant les éliminer et les éradiquer.
Pour cela, bien informer les personnes concernées de ce qui a été constaté et mesuré. Concevoir et mettre en oeuvre un plan d’actions avec eux. Et si une solution ne fonctionne pas de manière parfaite, ne pas hésiter à la modifier par petites touches jusqu’à ce que le gaspillage soit supprimé.
Conclusions
La chasse aux gaspillages doit devenir une habitude. Lors de votre déplacement dans les ateliers ou dans les services, lors de votre travail quotidien, vous devez prendre l’habitude de rechercher les gaspillages afin de pouvoir éliminer ceux-ci.